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Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur les courses sans jamais oser le demander...

Ventouxman, juin 2017

 

Le ventouxman

  • Natation 2km
  • Vélo 90 km- dénivellé 2000 m
  • Cap 20 km dénivellé 400 m

Echaudée, (ou plutôt refroidie) par mon expérience de la Pyrénéa, annulée à 6H du matin à cause du temps, je commence à scruter la météo dès le jeudi. Bien mal m’en a pris, voici ce qui apparait sur l’écran de mon portable :

météo

Cette image fait instantanément monter en moi une terrible épouvante. Au-delà de la crainte d’une nouvelle annulation, je suis par-dessus tout terrifiée à l’idée de faire la course  dans des conditions dantesques de pluie et d’orage.  Je surveille donc, toutes les deux heures en me rongeant les sangs, la météo qui oscille sans arrêt peut-être qu’il fera beau, peut-être que non…  Finalement, le samedi matin c’est un beau soleil qui semble l’emporter. Je me rends alors le cœur léger à Piolenc (3H et 350 km de route depuis Toulouse), la capitale de l’ail, où je retrouve mon frère et ses compagnons Niçois : Sylvain, Erwan et Nicolas.

La course partira dans le lac de li piboulos vers Orange où est situé le premier parc à vélo. Puis nous monterons au sommet du mont Ventoux (par Bedoin) et redescendrons jusqu’à la station du mont serein (côté Malaucène) où se trouve le second parc à vélo. Enfin la course à pieds se fera en 4 boucles de 5 km. Nous passons le samedi après-midi à gérer la logistique. Il faut récupérer les dossards à orange. Le vélo doit être installé dans le premier parc. Les affaires de running aussi, elles seront montées au second parc à vélo le samedi soir par l’organisation. A noter : il est préférable de prévoir une seconde paire de chaussures pour éviter de passer la fin de la journée en chaussettes. Puis il faut emmener une voiture à la station du mont sereinpour pouvoir redescendre tout notre matériel en fin de course, compter trois heures et 140 km aller-retour. Nous finissons cette journée bien chargée en mangeant nos pâtes dans le bungalow sous un bel orage.

Dimanche matin, jour de la course. Première étape, enfiler sa peau de poisson, le néoprène remplaçant les écailles et se rendre sur la ligne de départ dans l’eau qui est très bonne. Nous, les filles, partons 10 minutes en avance. Bien que nous ne soyons pas très nombreuses, nous réussissons tout de même à se donner de nombreux coups jusqu’à la première bouée. Il parait que les anchois nagent par bans constitués de plusieurs dizaines voire centaines de milliers d’individus capables de se coordonner ensemble, de virer à l’unisson sans se toucher et en totale harmonie. Je me dis que les triathlètes ont beaucoup à apprendre de ce petit poisson… Je me retrouve rapidement solitaire tel le mérou pour profiter au calme de mon épreuve préférée, avec comme distraction le passage de quelques élites partis cinq minutes  après nous.

VENTOUXMAN_2017_026

Je sors de l’eau et me débarrasse de ma tenue aquatique pour enfourcher mon vélo, une analyse de mon certificat de course me montrera que je suis passée durant cette transition de la 159 à la 333ème place en 3 minutes. C’est le début de la déchéance, car cette analyse montrera aussi qu’environ 300 concurrents m’ont doublée durant le parcours vélo. Bien qu’habituée à ce phénomène, il me procure toujours un sentiment de frustration et de nullité. Mon frère et la troupe de niçois me dépassent très rapidement,  je ne sais pas pourquoi ils se pressent de toute façon il faut m’attendre à la fin… Le parcours nous emmène vers le mont Ventoux. Celui-ci ne s’est pas montré à découvert depuis hier, il est resté camouflé derrière un nuage. Je pense qu’il a peur de moi...

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La route qui nous mène vers le sommet est sans doute aucun là pour me détourner de mon but. Elle s’est parée ses plus belles vignes pour me faire tourner la tête. Vers Rasteau, je me console avec un peu de mon thé au miel, il est rond et agréable en bouche bien qu’il manque un peu de cuisse… Arrivée à Gigondas, je reste concentrée et me délecte d’un fromage finement aromatisé aux ails et fines herbes accompagné de sa tranche de jambon tous deux servis entre deux succulents moelleux aux céréales (un sandwich tartare jambon, oui c’est ça…) qui se marie très bien avec l’eau de source du mobil home servie dans mon bidon. Un peu plus loin le diable est encore en embuscade : vadé rétro Vacqueras ! Je concentre mon attention sur les dentelles de Montmirail qui surplombent la route nous menant vers Baumes de Venise. Heureusement, le dimanche les caves sont fermées ! On raconte que certains triathlètes se sont laissés attirer par les chants des cavistes et que depuis ils sont condamnés à nager dans d’immenses cuves de vin jour et nuit sans répit pour l’éternité…

gigondas105

Un peu avant le Ventoux, nous passons par Crillon le brave, une côte de 1 km à 12 % nous souhaite la bienvenue, puis rapidement nous voilà à Bédouin, aux pieds du géant chauve. Je suis d’humeur conquérante  et  j’entame l’ascension ravie.

velo-bedoin-depart2

La première partie en forêt légèrement ombragée présente une forte pente mais le climat y est agréable et le paysage arboré me met du baume au cœur. Le manque de bornes kilométrique associé à la panne subite de mon compteur me permettent mal d’évaluer ma progression. Au bout de 12km d’ascension, la station du mont serein marque la fin de la forêt et le début d’un paysage plus lunaire. Le sommet n’a jamais été aussi proche, mais il est si loin à la fois…

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Enfin voilà le dernier virage et l'antenne, c’en est fini de la montée. Pour ma part j’ai toujours du mal à me réjouir franchement à ce stade de la course par appréhension de la descente à venir. Heureusement, celle-ci ne dure que 5 km. La pente y est vertigineuse, le spectacle et la vue sont magnifiques mais on a l’impression que la route va nous y plonger précipitamment. Ajoutez à cela les descendeurs fous qui passent à fond devant moi, mes freins ont chauffé une fois de plus !

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C’est maintenant les réjouissances de la course à pieds qui m’attendent. Mon frère est là, il n’est pas reparti à cause d’une douleur au tendon d’Achille. Je prends mon temps et perds encore 80 places durant les 6 min de cette transition. Le parcours de course à pieds est formé de 4  boucles typées trail. Il commence par une bonne descente. Quelle bonne idée alors que l’on descend tout juste du vélo de solliciter de cette manière mes muscles des cuisses, j’ai l’impression qu’ils ne vont rien retenir du tout et que la crampe n’est pas loin. Puis vient une montée. Je décide de m’économiser dès le départ et de marcher sur toutes les montées c’est ma seule chance pour tenir jusqu’au bout. Le premier tour est celui de la découverte, le parcours varié s’avère ludique, c’est aussi le seul tour sur lequel je croise encore les copains qui en terminent. Le second tour est celui du plaisir, le descente apprivoisée passe mieux. Le troisième commence à être un peu dur, et sur le dernier, je ne pense plus qu’à la ligne d’arrivée. J’ai fini par la passer,  je suis finisher en  plus de 8 H et bien contente !

Je rejoins le reste de la troupe qui a eu le temps de prendre quelques bières en m’attendant pour la photo finisher.

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