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Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur les courses sans jamais oser le demander...

Sentier cathare étape 2 - Durban - Cucugnan

Sentier cathare étape 2 - Durban - Cucugnan

  • Trail 46,7 km et 1725 m de dénivelé

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 Ce matin, notre hôte se lève pour nous servir le petit-déjeuner à 5h, chapeau ! Nous partons à six heures chargés d’un pain bagnat fait maison avec les tomates et la salade du jardin. Nous devons amputer cette étape d’une partie du parcours et ne pas passer par Embres et Castelmaure en espérant réduire ainsi la distance quotidienne de 46 à 42 km.

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Évidemment les garçons partent assez fort, je ne sais pas si j'arriverai à suivre longtemps, d'ailleurs je ne suis pas et reste à mon rythme. Nous sortons de Durban et trouvons une première côte assez sympathique du haut de laquelle nous admirons le lever du soleil et en suivant, nous devons quitter le GR.

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 Comme chaque fois que nous sortons des sentiers, notre sens de l'orientation est mis à rude épreuve mais nous ne nous en sortons pas si mal sans les petits traits rouges et blancs. Nous sommes régulièrement ravitaillés grâce aux muriers qui nous tendent leurs fruits. Nous trouvons une grande descente très roulante, et en profitons pour discuter un peu. Mais distraits, nous ratons un embranchement. Le temps de réaliser, nous sommes descendus bien trop bas. Cette erreur nous coutera toute la distance que nous avions gagnée en coupant…

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Mes partenaires cavalent un peu devant et Cunégonde en profite pour venir me parler de sa religion : « En tant que parfaite, je parlais de dieu aux bons chrétiens qui venaient nous visiter. Je leur expliquais que nous sommes des anges déchus, que nos esprits, créés par dieu sont bons, mais prisonniers des corps, émanations mauvaises, auxquels ils sont attachés par le pouvoir tentateur. Quand un corps meurt, l'esprit peut renaître sous une nouvelle peau de chair, animale par exemple. C'est la raison pour laquelle je ne mange pas de viande. Le catharisme rejetait en l’Eglise catholique son clergé, ses sacrements et sa vision des dogmes sur la Création, le Christ et le Salut. Comme beaucoup de français de l’époque, la décadence des mœurs ecclésiastiques et la richesse de ses hautes sphères nous paraissait incohérente. Le consolament, était le seul sacrement de mon Eglise pas de mariage, pas de baptême par l’eau, pas d’eucharistie. Je suivais les préceptes de Jésus : chasteté, interdits alimentaires, non-violence, charité, pauvreté. En tant que membre du clergé cathare, je devais vivre de mon travail : j’étais tisserande.»

Sur ces explications, je rejoins les garçons qui ont fait une pause pour m’attendre. Nous longeons une vigne au bord de laquelle je dérange un nid de guêpes. Je sens comme deux petites flèches dans mes mollets. Mais Nico juste derrière moi les trouve bien énervées et se fait piquer 5 fois.

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Nous passons ensuite par le château de Nouvelle, sans déguster le vin qui y est mis en bouteille. Puis grimpons jusqu'au Château d'Aguillar. Alors j’entends Cunégonde, qui sort de nulle part me dire : « Le château d’Aguilar était la résidence principale d’olivier de Termes en 1228. C’est probablement à lui que l’on doit la construction de la partie centrale et le développement du village fortifié qui flanquait le château au sud, typique du castrum cathare. Pendant l’été 1240, le château sert de point de rassemblement aux chevaliers qui se rallient à la révolte du vicomte Trencavel avant de faire le siège de Carcassonne. Après l’échec de cette révolte, Olivier de Termes se soumet au roi et lui remet son château en mai 1241.»

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Nous terminons la première étape de la journée par une pause sur un banc public à Tuchan. La suite s’annonce très chaude, nous remplissons les gourdes pour repartir. Alors nous entamons alors une traversée du désert. Le soleil au zénith nous accable. Une cigale me vole dessus, je la prends en plein pif. Ce n'est pas la première, je me demande si ces bestioles ont une bonne vue... Il est presque midi, nous évoluons à découvert, aucune ombre ne nous abrite durant quelques kilomètres qui paraissent interminables. Alors Cunégonde vient me raconter sa vie durant la conquête du Languedoc. « En 1209, la croisade papale a commencé, j’ai dû quitter la demeuredans laquelle je vivais à Villemur pour me cacher dans divers maisons, je suis passée à Lavaur chez dame Guiraude, une dame cultivée, raffinée et généreuse, dont le souvenir est doux à ma mémoire. Un de mes frères est venu m’y chercher avant le siège de la ville qui fut atroce : Dame Guiraude fut jetée et lapidée au fond d’un puis, son frère et ses soixante chevaliers pendus et égorgés. Je me suis alors cachée dans ma famille pendant quelques années

Faisant écho à son refuge familial, un bosquet se présente à l’horizon. Ravis de profiter de son ombre bienfaisante, nous nous posons au milieu du chemin pour manger. En enlevant son sac, Nico se rend compte qu’il avait embarquée une chanteuse.

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La pause est régénérante. Nous entendons le doux bruit d’un ruisseau en contre bas et nous repartons bien décidés à s’y tremper. Notre chemin nous conduit à Paderne, là nous nous jetons sur un bout de plage, et nous allongeons tous les trois habillés dans 10 cm d’eau. C’est un moment de bonheur intense et de bien être suprême. La fraicheur de l’eau sur les pieds, les jambes puis le buste et dans le cou nous permet de revivre. Nous contemplons, là-haut sur sa colline, le château de Paderne qui semble se moquer de nous : « je vous attends », il déroule goguenard son chemin raide en plein cagnard… Nous repartons trempés à sa conquête et c’est sans grande résistance qu’il se rend. Ce château n’a pas eu de rôle important durant la croisade contre les cathares, Cunégonde ne prend pas la peine de venir en parler. Mais notre plus gros combat reste à venir : la citadelle de Quéribus. La chaleur est étouffante et nous ne voyons toujours pas le fameux château sur son piton rocheux, nous avançons, commençons à grimper assez dur, nous avons très peu d’abris. Le soleil tape. Après une montée longue et raide, nous continuons sur un chemin d’où nous voyons le château. Nous marchons ou trottinons depuis plus de 40 km et ça se sent. Cunégonde sortant du fourré vient me divertir: « Quéribus est l'un des derniers châteaux cathares avec le château de Puilaurens à accueillir des responsables de l'Église cathare après la chute de Montségur. Il tombe après 3 semaines de siège en mai 1255. » Elle ajoute : «Je n’étais plus là pour voir ça…».

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Passé le château, il reste une dernière descente très technique et interminable. Par moment des courants d'air très chaud, viennent nous lécher, ils semblent provenir directement de l'enfer. Elle nous dépose au pied de Cucugnan où une derrière montée nous achève. 

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Nous arrivons à l’auberge au bout de 46 km, 10 H d’effort et 1600 de dénivelé. Nous sommes fourbus et avons bien mérité une bonne bière, voire deux. Puis vient l'heure de la lessive. Nous tournons avec 2 tee shirts pour la semaine, il faut donc en laver un tous les soirs. Nous faisons sécher nos affaires dans la cour pour le bonheur des autres vacanciers.

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