3 Ventoux, mai 2022

Les 3 Ventoux

• Randonnée cycliste 137 km 4520 D+

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L'occasion fait le Laron., Depuis quelques années, je  rêvais de rejoindre les rangs des "cinglés du ventoux". Pour cela une condition : monter le Ventoux par ses 3 côtés : depuis Malaucène, Bédoin et Sault dans la même journée. Aussi, quand l'équipe de rugby de mon fils se qualifie pour jouer contre Chambéry, vraisemblablement  quelque part entre Nimes et Avignon, je rréagis rapidement.  J'ai une semaine pour organiser une virée à l'assault du grand cchauve et rentabiliser le déplacement : vélo le samedi et supporter le dimanche. J'appelle Gaëlle et lui propose un entraînement tout à fait adéquat pour préparer son étape du tour. Il est alors question entre nous de deux ascensions. Puis,

la semaine avançant, l'idée du troisième ventoux germe et pousse très rapidement et je me projette sur ce défi personnel. Je consulte sur l'éphémèride  l'heure de levée du soleil, j'analyse la météo qui promet de fortes chaleurs, je me renseigne sur les points d'eau, j'estime le temps qu'il me faudra et j'établis un plan :

Vendredi soir, nous nous rejoignons, l'une de Lyon et l'autre de Toulouse à Malaucène . Après  avoir avalé une bonne salade de pâtes,  nous programmons les réveils bien tôt. 

Samedi, nous partons à 6H de Malaucène. Le temps est frais et agréable la montée ombragée se déroule tranquillement.  Nous sommes dans la garigue et les bois jusqu'à la station du mont Serein. Nous profitons du paysage, même si quelques passages à 12 pourcent  nous obligent à se concentrer sur nos jambes. Puis commencent les 6 derniers kilomètres caractéristiques de ce sommet. A partir de 1400 m d'altitude, la végétation se raréfie, seules les plantes les plus solides résistent aux conditions climatiques. C'est essentiellement des petites fleurs bien camouflées dans un nid rocheux. Nous terminons notre première ascension en les contemplant. Nous arrivons au sommet plutôt en forme en un peu plus de 2h30 pour 21 km et 1500 m de D+.

Après le traditionnel  selfie, nous entamons la descente sur Bedoin. Nous convenons que je desendrai jusqu'en bas alors que Gaëlle s'arrêtera un peu avant. Je suis relativement satisfaite de ma descente, j'ai trouvé cela plutôt agréable,  je pense avoir mis un temps raisonnable bien que je ne l’aie pas mesuré. Mais surtout, je n'ai pas fait de pause autre que pour un problème mécanique.  Arrivée à Bedoin, un sms de Gaëlle m'annonce qu'elle a commencé à remonter depuis 5 minutes, plus tôt que je n'imaginais. 

Je rebrousse chemin pour la seconde ascension. Celle-ci commence calmement et traverse deux villages avant de monter un peu plus sérieusement dans les bois. La route est  jolie et ce versant est très fortement fréquentée par les cyclistes. Il est facile d'échanger quelques mots pour se changer les idées. Je reçois alors un sms de Gaëlle qui m'attend au chalet Reynard, pour un bon moment. Il me reste 7 km pour y arriver et avec 9 pourcent de pente moyenne, ils ne passeront pas très vite. La fatigue commence à se faire sentir.  Mais j'arrive au chalet Reynard où Gaëlle m'attend avec un sandwich. Je le fourre dans ma poche et recharge les gourdes. Nous terminons les 6 derniers kilomètres qui, comme de l'autre côté présentent un paysage de fin du monde.  Nous arrivons au sommet au bout de 21 km et 1500 m de dénivellé .

Et de deux ! Nous fêtons ça en buvant une eau aromatisée en plein soleil,  pas d'ombre ici. Nous mangeons le sandwich  puis c'est l'heure de la séparation,  Gaëlle redescend à Malaucène pour rentrer et je reviens sur mes pas pour bifurquer en direction de Sault.

 La route de Sault est commune avec celle de Bedoin sur les 6 km du chalet Reynard au sommet.  C'est donc une descente connue que je refais. Puis la pente se calme et il faut pédaler jusqu'à Sault. Plus je descends, plus la température monte. Ce dernier versant, moins pentu, est aussi plus long. Il mesure 26 kilomètres que je descends jusqu'au dernier qui remonte au village de Sault. Je fais le plein d'eau et me mouille bien la tête. Il est un peu moins de 14 heures, le soleil est à son zénith et l'ombre n'a plus de place. La dernière montée, entre la chaleur et la fatigue s'annonce laborieuse. Je remonte sur mon vélo et commence ce long chemin encore différent des deux précédents.  Une première partie déroule entre les champs puis la route monte calmement dans une forêt  parsemée de fleurs jaunes, en plein cagnard. Je programme une pause grignottage sous un arbre au 10ème km, une autre pause au 20ème soit au chalet Reynard pour boire et me mouiller la nuque. Forêt et falaises se succèdent la route est agréable. Mais je redoute la fin : les  6  derniers km dans un environnement lunaire que j'ai déjà parcourus une fois. La pente augmente progressivement alors que j'ai déjà  110 km et 4000 de dénivelé dans les jambes. Je refais le plein d'eau.  Un groupe croisé au sommet qui fait le même défi que moi m'encourage  ça me fait du bien.  Je parcours lentement la distance qui me sépare du sommet. Je suis régulièrement doublée par de vieilles voitures de collection dans un boucan d"enfert et une odeur nauséabonde.  Leurs propriétaires ont peur de ne plus pouvoir repartir s'ils s'arrêtent et klaxonnent tous les cyclistes débordant de la piste cyclable. Souvent, ils calent quand même et s'arrêtent sur la piste devant moi. Tout ce ballet me permet de m'énerver un peu contre les automobilistes et d'oublier que je fatigue sérieusement. Le dernier kilomètre se câbre mais je m'en fiche, je savoure par anticipation mon arrivée au sommet. Je suis très contente d'être arrivée et d'avoir relevé ce défi.  Les marcheurs à qui je demande de prendre la photo finish me félicitent et ça me fait plaisir. Je prends le temps de boire une nouvelle boisson en plein soleil,  car ce n'est pas tout à fait terminé , il faut encore redescendre à Malaucène !

Avec pour preuve ma trace garmin, me voilà officiellement cinglée et fière de l'être !