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Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur les courses sans jamais oser le demander...

10 km Toulouse, Octobre 2017

10 km de toulouse

  • Cap 10 km

Le Samedi, je récupère mon dossard auprès de JP. Je m'y suis prise trop tard pour les inscriptions et lui ne peut pas courir. Sa blessure palie à mon manque d’organisation. Il me pose alors une question piège : « En quel temps je me cherche dans les résultats ? ». Heu… réflexion rapide, mon record  personnel en 45 min est loin derrière moi  et 50 min correspond au temps que je faisais  lors de mon entrée au club. Mon temps sera vraisemblablement  situé dans cette fourchette. Je vise au milieu : « 47-48 si tout va bien ». Voilà mon objectif scientifiquement fixé.

Le lendemain, nous nous  rendons sur le pont Saint Michel, lieu du départ, quand GARMIN, cette merveille de technologie, lâche Christophe. C’est le bracelet qui a fait son temps. Il nous faut le rafistoler à l’aide d’un bout de ru balise trouvée sur la route. Je suis bien aise de ne pas avoir besoin de tels artifices pour courir. Ma montre premier prix avec les fonctions heure et chrono me suffit amplement. Il suffit de connaitre mon temps visé au kilomètre, et avec un peu de calcul, le tour est joué. Mais tiens j'y pense, quel doit être au juste mon temps au kilomètre ? Voyons, 45 min au 10 c’est facile ça fait 4’30 au kilomètre, alors que 50 min au 10 km donnent 5 min au kilomètre. Jusque-là tout va bien, pour  atteindre 47-48 min je pourrais mettre plus de 4’30 mais moins de 5 min à chaque borne.

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Le départ est donné, distraite par l’ambiance et l’euphorie du moment, j’oublie une fois de plus de déclencher mon chrono. Ce n’est pas grave, j'ai l’heure. Ils ont annoncé 2 minutes 30 de retard ce qui a du faire un départ effectif à 9H32 et 30 secondes. Je pars portée par le flot et ne vois pas la première marque kilométrique.  A la seconde, un coup d’œil à ma montre m'indique 9h 42 04. Je soustrais à ce temps l’heure de départ théorique à laquelle j’avais préalablement ajouté le retard. Je divise le tout par deux. J’obtiens, non pas sur l’âge du capitaine, mais 4’47. Il s'agit du temps moyen t que j'ai mis pour parcourir chaque kilomètre.  t est bien compris entre 4’ 30 et 5’ (mon temps théorique au kilomètre que nous noterons par la suite t' pour faciliter la compréhension et éviter les répétitions). Je suis mathématiquement assurée que mon allure est entièrement sous contrôle. Tous ces calculs m'empêchent de repérer le 3è km, et je tombe directement sur… le 36ème. Evidemment la priorité est donnée aux marathoniens. C'est bien naturel que leur kilométrage soit indiqué au détriment du nôtre. Je vais m'adapter sans problème... Qu'à cela ne tienne, lorsqu'ils en seront au 36ème  il restera aux marathoniens 6 km 200 à courir. La ligne d'arrivée étant la même pour tous, il me reste la même distance pour finir mes 10 km. Ainsi j’ai parcouru 10 moins 6,2 ce qui fait 3,8 km soient 4 km moins 200m. Mes 4 km déjà courus à t' (voir plus haut la définition de t') ont du me prendre entre 18 et 20 min. A ce temps, que nous noterons T1 pour ne pas nous embrouiller,  il me faut soustraire le temps, noté par commodité T2, des 200 m soit 1 min en partant sur une hypothèse de 5’ au km. Vous me suivez toujours ?... Donc je devrais me situer entre 17 et 19 min de course.  Quel temps avais-je noté déjà en passant à côté de la borne kilométrique 36 ? Oups... je l'ai oublié.

Lasse de ces calculs,  je décide de courir à la sensation. Je me concentre sur mon corps. Commençons par les pieds après tout c’est eux qui portent l'ensemble. Evidement, mon tendon d’Achille gauche tire sérieusement, mais celui-là on ne peut pas s’y fier, il n’est jamais en forme. Le genou au dessus couine un peu, inutile de s'y attarder c'est la compensation. Il y a bien le haut de mon arrière  cuisse droite qui durcit, mais là encore c'est systématique pas de panique. Ne nous attardons pas sur les jambes, il est normal qu'elles souffrent c'est elles qui travaillent. Je dois trouver un meilleur indicateur. Prenons le cœur, c’est la pompe qui alimente toute la machine.  Il a l’air d’aller très bien, un rythme régulier tranquille en pleine forme ça fait plaisir ! Durant quelques centaines de mètres pas de palpitaion, pas de taticardie, un vrai métronome. Mais voilà qu'il me semble l’entendre plus nettement. Oui, c'est cela, j'entends bien un boum boum très net à chaque pas qui s'amplifie dirait-on. Mon attention se mobilise et je le sens encore davantage. Pas de doute c'est lui qui bat drôlement fort, de plus en plus fort c’est surprenant. Si cela continue, il me faudra ralentir. On dirait que ses battements grondent et se fondent dans le bitume. A ce moment un concurrent à la foulée particulièrement bruyante me dépasse. Ouf c’était ses pas martelant de sol et non mon rythme cardiaque que j’entendais. Bref, mes sensations ne semblent pas être bonnes conseillères en gestion de course.

Ah! Voici le panneau kilométrique 39, revenons à ma montre. Elle indique 10 H04’25, la belle affaire ! Pour savoir si je suis dans les temps je vais changer ma tactique et faire le calcul à l’envers. Il me reste 42 km et 200 m moins 39 km à parcourir disons à 5’ au Km environ 15 min à la louche en faisant abstraction des 200 derniers m. Si j’ajoute ces 15 min (grosso-modo le temps restant à parcourir) à 32 (heure de ma montre moins heure de départ calculése soit le temps de parcours déjà effectué) je tombe sur 47 (extrapolation linéaire approximative de mon temps de course), c’est pas mal ! Je doutais à tort de ma bonne gestion et suis revigorée par cette bonne nouvelle. Au 40è km je recommence le même calcul (que vous ferez par vous-même c’est un excellent entrainement pour votre prochaine course). Je suis toujours dans les temps.  Au 41è km un coup de barre me rappelle que j’aurais peut-être du avaler le gel que je transporte pour rien depuis le début au lieu de m'embourber dans mes spéculations. Arrive le 42è km, je ne regarde pas la montre, joueuse (et fatiguée) je choisis la surprise du chrono. Je contourne le capitole et vois les chiffres défiler sur le cadran, il me reste 50m et il est indiqué 46’56,  57, 58… J’accélère et passe sous la ligne d’arrivée en 47’07. Mais le lendemain, je constaterai avec satisfaction que le temps réel retenu est de 46’55. Quelle belle victoire sur la technologie GPS ! Alors que Christophe, même s’il termine premier V1 dépasse de 1 min son objectif, il invoque le vent, mais je suis bien certaine que son matériel n’y est pas pour rien. Il montera sur le podium et gagnera entre autre 2 polos GARMIN…

Il est alors temps de rentrer à la maison, après le sport nous allons passer aux devoirs des enfants. « Problème : Un coureur part du pont Saint Michel à 9H30, il court à 12,66 km/h. A quelle heure arrivera-t-il au Capitol situé 10km plus loin (avec quelques détours certes) ? »

« Maman, à quoi ça sert les maths ? » 

« A courir plus vite… »

« N’importe quoi ! » 

« Pas du tout, la preuve : la première femme sur plein de course de la région depuis des années c’est une prof de math.  Vu la vitesse à laquelle elle court, elle a intérêt faire ses calculs rapidement !»