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Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur les courses sans jamais oser le demander...

Championnat régional hivers des maîtres, décembre 2021

Championnat régional hivers des maîtres

  • Natation
  • 50 m papillon  
  • 1500 m nage libre

     nat

Il ne faut pas forcément chercher de logique dans ma programmation annuelle de courses. Après avoir couru 66 km en douze bonnes heures sur l'hivernale des templiers, je me suis inscrite sur un 50 m papillon en piscine. J'ai mixé deux disciplines totalement différentes et deux durées d'effort que tout oppose : 12h d'un côté; moins d'une minute de l'autre. Et quitte à être au bord de la piscine de 8h30 à 12h30, n'ayant aucun scrupule, j'ai aussi cliqué sur le 1500 m crawl pensant que comme c'est la même distance qu'en triathlon, ça devrait passer...

 

J'arrive sur le site de la compétition, et me fait référencer en tant qu'officielle. Une compétition de natation ne peut avoir lieu sans bénévoles et il est possible de chronométrer entre les épreuves que l'on nage. Mon rôle est attribué et j'aurai le plaisir de seconder Bruno à la chambre d'appel avant et entre mes prouesses aquatiques.

Il est alors temps de s'échauffer, je demande conseil aux jeunes qui nagent vite. On me recommande d'effectuer 1200 m avec un peu de jambe, un peu d'éducatifs pour trouver "des sensations". Je fais comme on m'a dit et ressors du bassin en me demandant si les sensationq que j'ai trouvées sont bien les bonnes ? Puis je me dis que je vais me mettre en tenue directement pour officier à la chambre d'appel tout en étant prête à nager.

Pour la première fois de ma vie je vais essayer une combinaison de compétition. Ma fille arrête le sauvetage, le coûteux équipement a peu servi, il est disponible et inutilisé, je décide de le rentabiliser. Enfiler la powerskin carbon est de loin la partie la plus fastidieuse et la plus désagréable de la compétition. Après avoir positionné chaque jambe le plus haut possible, j'essaie de dérouler le tissu mm par mm. Je comprends rapidement que le chemin à parcourir du haut de mes genoux jusqu'à pouvoir passer les bras dans les bretelles va être long ! Je me tortille dans tous les sens pour grapiller petit à petit du terrain. A chaque instant, j'ai l'impression que le tissu est déjà tendu au maximum, qu'il lui manque à minima 30 pourcent d'élasticité et que je vais la craquer avant d'arriver au bout de ma tâche. Je me félicite d'avoir un maillot de bain en back-up. Puis je me rends à l'évidence : la combinaison ne s'adaptera pas, c'est donc moi qui vais devoir me comprimer pour rentrer dedans. Je tasse, je tire, je déroule, je rentre un petit bout ici, un autre là, je déroule un peu et j'essaie de garder confiance. Lorsque enfin les hanches sont passées, c'est un peu comme quand on a courru le 35 ème km d'un marathon, on sait que ce n'est pas fini mais qu'on va arriver au bout, allez, plus que le ventre et les bras et c'est gagné !
Une fois gainée dans cette merveille technologique, j'essaie de regonfler mes poumons, que j'avais vidés au maximum pour réduire le volume. Je retrouve mon souffle et me rends à la chambre d'appel ornée d'un QR code prouvant que ma tenue est approuvée par la fina. Je passe mon temps à essayer de donner un peu d'air à mes cuisses comprimées. On  apelle les relais, et au bout de 20 min dans ma seconde peau et j'ai l'impression que mes jambes ne sont plus alimentées en sang. Il reste plus d'une heure avant que je nage et je décide d'enlever la combi pour la remettre en dernière minute. Ce qui me vaudra la joie de réaliser deux fois la session d'enfilage.

Je continue à vérifier les identités des nageurs et à les informer de la ligne d'eau qui leur est attribuée,  quand on appelle le 50m papillon dames. C'est mon tour, je suis dans la première série, la plus lente. Je nage couloir 2, les nageurs avec les meilleurs temps d'engagement de la série étant au milieu couloirs 3 et 4. Je serre tellement bien mes lunettes sous le bonnet que je vais garder la marque pendant une semaine entière. Au premier sifflet court, je monte sur le rebord, au second, plus long, je monte sur le plot, "à vos marques" j'accroche les mains au bord de la plate-forme un pied en arrière prête à bondir, "partez" je plonge avec un temps de réaction raisonnable. J'effectue 4 ondulations sous l'eau ce qui est un maximum avec ma capacité en apnée, puis je sors les bras pour les premiers mouvements. Il faut tout donner, mais mes 20 minutes d'echauffement remontant à 2 bonnes heures, pour un diesel comme moi, c'est un peu violent. J'essaie de régler un maximum de point techniques : ne pas trop casser les jambes en ondulations, chercher un mouvements de bras efficace. J'arrive au mur, je touche bien les deux mains et effectue une poussée suivie de ma coulée maximale qui m'emmène bien loin des 15 mètres acceptés par le règlement. Le retour va être difficile je manque déjà de force. Je sens mon mouvement se rabougrir au fur et à mesure que le mur se rapproche. Je termine en 38 '84, ce qui est ma meilleure performance. Je ne parlerai pas des autres temps qui ridiculisent  ma prestation et risquent fort d'attenuer ma joie.

Je retourne à la chambre d'appel accueillir les autres series. On fait passer de nouveaux relais puis on appelle le 1 500m nage libre. C'est mon tour à nouveau, il y a une unique série mixte composée de 5 nageurs dont une féminine. En montant sur le plot de départ, je vois l'étiquette qui indique le nombre de longueurs restant à parcourir lorsque j'arriverai en face. Elle indique 59... Alors je réalise que ça ne va pas être comme en triathlon, je vais tourner en rond comme mes poissons dans leur bocal, je vais faire quelques virages et coulées, heureusement que je n'ai pas besoin de compter. Le départ est donné et je plonge, de l'eau rentre dans mes lunettes m'obligeant à conserver l'œil droit fermé durant la course. C'est surprenant de nager avec un oeil fermé, ça donne l'impression que la piscine est courbe, moi qui ai une oreille interne un peu sensible, ça me fait une drôle de sensation. Je tente bien de vider les lunettes une fois mais elles se remplissent aussitôt, tant pis, je me concentre sur mes mouvements. Malgré la durée le 1500 m passe mieux que l'épreuve précédente, la machine a le temps de chauffer tranquillement, je suis régulière dans mon rythme 1'40 au 100m environ et finis en 25 minutes.
Et voilà c'était une bonne matinée au chaud dans la piscine !