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Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur les courses sans jamais oser le demander...

Trail de Gavarnie, juin 2018


Trail de Gavarnie

  • 37 Km, 2000 m de dénivelé, contre 45 km et 2800 initialement prévus.

      Ce printemps 2018 faisait suite à un hiver particulièrement humide. L’année avait présenté une pluviométrie très excédentaire sur la majeure partie de la France, atteignant localement des valeurs records. L’enneigement des massifs montagneux restait exceptionnellement présent ce mois de juin. Caro avait prévu dans les Pyrénées, une course, qui devait lui permettre de redécouvrir le cirque de Gavarnie. Elle l’avait déjà visité une dizaine d’années auparavant, en famille, avec les enfants et un âne (non, non pas Christophe...). L’animal, loin de faciliter, comme ils l’avaient pensé la progression en montagne des jeunes enfants, avait considérablement ralenti et appesanti la balade. Mais cette fois le contexte était fort différent, ce serait un premier marathon de montagne avec presque de 3000 m de dénivelé. Elle ne s’était jamais autant inquiétée de la météo, échaudée par l’annulation de la Pyrénéa pour la seconde année consécutive quelques mois plus tôt. Comme pour augmenter son tourment, une dizaine de jours avant la course, un orage particulièrement violent avait interrompu sa séance de PPG en la poursuivant de ses grêlons, puis grillé son lave-vaisselle. Cet orage avait évidemment commis son méfait lorsque l’équipement était plein à craquer, rendant l’expérience particulièrement pénible et douloureuse. Dans ce contexte pesant, le petit « z » jaune qu’elle voyait s’afficher sous le nuage présenté par météo France lui faisait un effet terrible. Les prévisions météorologiques pour le Samedi maintenaient une tension insoutenable. Allait-elle être confrontée comme annoncé le mercredi à une alternance de risque d’orage jusqu’à 8H, d’averses orageuses de 8H à 14H, de rares averses de 14 à 20h et enfin d’averses orageuses à partir de 20H ? Ou bien fallait-il conserver une petite lueur d’espoir comme le laissait penser mardi midi ou jeudi matin le même site annonçant de rares averses la majeure partie de la journée se terminant en franche pluie le soir ? Ses nerfs étaient soumis à une bien rude épreuve… Elle prépara tout de même son sac, qu’elle chargea avec la couverture de survie, la veste imperméable, la réserve d’eau, les bâtons de course, le sifflet, les gants, le bonnet, la couche thermique et les lunettes des fois que cela fasse venir le soleil. Elle n’omit point les provisions: 8 mini sandwichs, des noix et raisains secs et deux pompotes, pas question de tomber en panne de carburant ! Enfin, elle se munit de son nouveau téléphone, acheté pour la qualité de l’appareil photo et sa coque protectrice avec pour objectif principal de revenir avec de belles photos. Préparation essentielle en vue du GR20 prévu en juillet.

Comme souvent, une organisation familiale assez sophistiquée avait été mise en place pour le week-end. Caro partait le Vendredi pour faire le trail de Gavarnie le Samedi. Christophe emmenait Thibault à 8H30 le samedi matin pour prise en charge pour un tournoi de rugby à Montpellier, puis il se mettait en route le Samedi à 17H pour Aspet (direction trail du Cagire). Pendant ce temps, Lucile avait invité une copine à dormir à la maison avec à la clef un repas tranquille entre copine puisque maman pensait en avoir pour une dizaine d’heure et ne rentrer de Gavarnie que tard le Samedi soir…

Caro se mit en route avec Marie et Geoffroy, le Vendredi vers 15H. Après une halte chez un ami de ses amis qui s’était ouvert le crâne en cuisant un gateau sport (comme quoi le dnager n’est pas toujours où on l’attend), ils arrivèrent à Luz Saint sauveur et récupérèrent les clefs des 2 hôtels. Il eut été trop simple de prendre le même. Puis ils prirent la direction de Gavarnie pour retirer les dossards. Sur le chemin toutes les c20180608_191055ascades étaient magnifiques, et les ruisseaux gonflés à bloc. Alors le cirque apparu entouré de nuages.

 

L’organisation ne laissait rien au hasard, aucun des éléments obligatoires ne devrait manquer le lendemain, chaque sac serait vérifié. On leur demandait d’arriver 2 heures à l’avance sur le lieu du départ. Le 45 km partait à 6 H, en tenant compte des 30 min de route pur venir de l'hôtel,  ils décidèrent de partir à 4H30 soit un réveil à 3H30... Il fallait donc manger tôt. Ils pique-niquèrent à Luz-saint sauveur devant la magnifique église des templiers :


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Quelques heures plus tard, le réveil sonnait au beau milieu de la nuit et nos compères se rendirent à Gavarnie. Ils furent accueillis pour la fouille des sacs.

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 Vérifier que 900 concurrents avaient chacun un téléphone chargé, une veste de pluie, une couche thermique, un gobelet jetable, etc... prit beaucoup de temps et on donna le départ avec une demi-heure de retard. En raison d'un fort vent annoncé en altitude, le parcours fut modifié et le premier sommet raboté de 9 km et environ 1000 de dénivelé.

Tels des gladiateurs, les coureurs partirent à la découverte de ce joyau de la nature que bien des années plus tôt, en 1800 et des brouettes, un type prénommé Victor aurait comparé au Colysée. Et voici, entrant fièrement dans l'arène, les premiers pur-sang affutés et rapides, pour un numéro de haute voltige. Ils étaient suivis de moult équilibristes. Puis arrivèrent nos deux compères Marie et Caro dans le numéro du clown. Caro avec ses bâtons qui partaient en vrac dans tous les sens... Elle avait beau les caler dans les élastiques de son sac, les brins se décrochaient immanquablement pour se balader de chaque côté. Pour augmenter le burlesque de la situation, elle essayait de prendre des photos en courant, l'appareil dans une main, les bâtons qui se cassaient la figure dans l'autre, puis elle recasait l'appareil dans la poche, celui-ci tenant mal et se mettant à balloter dans tous les sens... Il fallut un certain temps pour stabiliser cet ensemble branquignolant. Les deux filles ne pointèrent pas au premier ravitaillement, se demandant pourquoi tout le monde s’arrêtait déjà pour manger au bout d’à peine 15 min de course. Au bout de quelques minutes, au niveau de la première montée abrupte, un embouteillage se forma. Ce fut le moment de prendre des belles photos, mieux cadrées et de se reposer.

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“Vous avez couru peut-être des marathons, des petits trails de village, des triathlons et même dans les Alpes à Embrun, vous avez, depuis quelques mois, effectué des entrainements, sorties de type rando-course en montagne, Ariège, Haute-Garonne, ou autres volcans d’Auvergne, mais quoi que vous ayez pu faire, ce que vos jambes vont endurer maintenant ne ressemble à rien de ce que vous avez fait ailleurs.”

La première montée se fit à la queuleuleu, accompagnée d'averses intermittentes mais assez fournies. Bon entrainement pour apprendre à s'habiller et se déshabiller efficacement. Lorsque la pluie arrivait, enlever le sac, sortir le k-way, les bâtons tombant en général à ce moment, enfiler le k-way puis remettre le sac et rattacher les bâtons. Rattraper l’appareil qui tombe. Lorsque la pluie s'arrêtait enlever le sac, le k-way, remettre le k-way dans le sac, remettre le sac. La fois suivante essayer en mettant le k-way sur le sac, mais alors les sandwichs ne sont plus accessibles… Bien occupées par ces exercices pratiques, elles arrivèrent avant le sommet, où les coureurs furent dirigés vers la descente. A ce moment commença le numéro de patinage. Le chemin était extrêmement glissant rendant l'exercice particulièrement périlleux. Caro était décidément plus à l’aise dans le numéro du clown ! Une petite difficulté supplémentaire fut présentée avec des ânes venus s’intercaler entre les coureurs pour un numéro mixe.

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Ce fut un soulagement d’arriver en bas. Un charmant petit pont permettait de traverser le gave de Gavarnie. Un large chemin montant tranquillement débutait la seconde montée. Un petit interlude équestre leur changea les idées avant que n’arrive le moment de remonter plus franchement, à nouveau à la queuleuleu sur un sentier étroit, boueux et présentant quelques passages assez abrupts. Elles marchèrent quelques kilomètres dans ces conditions pour déboucher dans une belle prairie au milieu des moutons avec vue magnifique sur le cirque. Après un contournement du massif, elles arrivèrent au col des tentes pour un ravitaillement particulièrement apprécié au chaud dans un local de la station de ski. Revigorées par cette petite pause, elles purent continuer la montée qui menait immanquablement à une nouvelle descente vers une belle vallée bien verte garnie de fleurs et décorée de belles cascades.

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De là, il restait une dernière belle ascension qui se terminait à travers un pierrier. Nos deux compères retrouvaient la pêche et pouvaient remonter quelques concurrents épuisés. Arrivées en haut, un nouveau cirque s’offrait à leur regard, bien enneigé celui-ci. Ce fut alors le numéro de glisse sur neige, plus ou moins artistique. Le mode de descente le plus efficace s’avéra être la luge. Mais les vêtements de course à pied ne réchauffent pas assez et leur solidité n’étant pas certifiée, il parut préférable de ne pas prolonger trop longtemps l’expérience sous peine d’avoir le cul gelé et potentiellement à l’air. Durant quelques temps alternèrent des passages en neige entrecoupés de ruisseaux glacés; les pieds commençaient à se refroidir durablement. Après cet épisode blanc, une longue descente en pente douce au milieu des petites fleurs permis à Caro de se rendre compte qu’elle était un vrai boulet en descente. Ajoutez à cela les photos des vaches et un SMS pour donner des nouvelles à Geoffroy car Marie était en mode avion, et vous comprendrez que sa compagne de course dut faire preuve de beaucoup de patience… Sur les derniers kilomètres, les jambes commençaient à se faire dures, des douleurs diverses apparurent, heureusement, un SMS de Geoffroy motiva Marie qui retrouva un bon rythme et refusa de laisser Caro se trainer seule derrière, ce qui leur permit de terminer avant l’orage.

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Une bien belle course !

Arrivée à 14H, bien plus tôt que prévu, même en trainant, en mangeant une belle tarte aux myrtilles, Caro du appeler Lucile pour lui annoncer que finalement, elle serait de retour pour manger. Et elle se rendit compte qu’elle n’était pas la bienvenue. Sa fille s’était bien faite à l’idée de manger seule avec sa copine sans maman. Caro dut donc aller se coucher directement en arrivant, en promettant de ne déranger personne. Bizarrement, cela ne lui posa aucun problème.

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