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Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur les courses sans jamais oser le demander...

Marathon de Paris, Avril 2015

 Marathon de Paris

  • Course à pieds 42,195 km

finisher


J'ai des courbatures ce matin.

Elles se plaisent à martyriser, l’une mes mollets, l’autre mes cuisses. Leur douloureuse compagnie me sera fidèle durant quelques jours. Perfides, elles se manifestent à chacun de mes pas. Mais, lorsqu’alanguies suite à une immobilité prolongée elles s’endorment, alors à mon tour, je me plais à les tourmenter. Je remue sournoisement pour les attiser. J’allonge la jambe droite et sens une voluptueuse brûlure. ... Je vrille légèrement le genou, et une morsure aigue se fait sentir, délicieux supplice !

Comprenez-moi, il a fallu, pour connaitre ces chères souffrances, parcourir 42 km et 195 m.

C’est là le privilège des marathons ; me rappeler cruellement la présence d’une partie de mon corps jusque-là paisible et indolore. A Toulouse j’ai éprouvé une vive piqure sous la voute plantaire.  J’ai ressenti après Nice-Cannes un déchirement sourd à l’avant du tibia. Le risque élevé de ne pouvoir relever le pied de l’accélérateur rendait suicidaire toute velléité de conduite d’un véhicule alors qu'il me fallait bien rentrer de Nice ! J’ai souhaité continuer l’exploration de mon anatomie en courant le marathon de Paris.

C'était hier et aujourd'hui je suis de retour au bureau. Profitant d’une réunion un peu monotone, je sollicite mes muscles meurtris. Dès qu'ils se rappellent à mon bon souvenir je m'évade...

Je revis la préparation de cette course. Toutes ces sorties longues qui furent l’occasion d’autant de rencontres et de discussions, avec des amis du club, des copines, coureurs plus ou moins aguerris. Parfois plus de 3 heures d’effort, de partage d’expériences, d’objectifs, d’envies, de projets, le marathon de Rome ici, une course de 24H là, un retour de grippe ailleurs…  Je n'oublie pas les sorties fractionnées le midi dans lesquelles j'ai embarqué des collègues. Ils étaient souvent pleinement consentants … et parfois un peu dupés ! J’avoue avoir occasionnellement travesti légèrement la réalité en annonçant le contenu de la séance prévue une fois que le partenaire volontaire ne pouvait plus se rétracter. Les chances de recevoir une réponse positive sont nettement plus élevées en évoquant une vague sortie de course à pied qu’en annonçant d'entrée une séance de fractionné 3x3000. J’ai aussi pu bénéficier de la bienveillance de quelques lièvres pour les sorties tempo qui m’ont beaucoup aidée, de la présence du coach, par mail toujours, mais aussi ici où là, en chair et en os, au détour d’une sortie longue. Tous les moyens sont bons pour me faire progresser. Y compris jouer sur ma phobie canine et crier à sa chienne "attaque" quand je passe, espérant que cela me fasse accélérer...

J'ai repoussée mon inscription au marathon de Paris jusqu'à ma 41ème année car l'entrainement hivernal me rebutait un peu. Une fois de plus, je n’avais pas totalement tort, le temps n’a pas toujours été facile. La bruine, la pluie, le vent et même la grêle ont ponctué mes entrainement.

La réunion finie, il est temps d’aller chercher un café, je sens dans mes chaussures de ville, suinter de délicates ampoules et la course me revient par bribes...

Tout a très bien commencé, les contrôleurs aériens ont mis fin à leur grève pour nous permettre de déposer les enfants à Lyon, ensuite, nous nous sommes acheminés en train jusqu'à Paris sans retard. Nous avons récupéré les dossards au parc des expositions Porte de Versaille puis sommes allés manger chez des amis. Samedi après-midi une petite pluie est venue laver le ciel des particules fines qui le polluaient. En fin d'après-midi j'ai eu le loisir de revenir faire le tour du salon du running pour retrouver la carte d'identité que j'avais perdue quelques heures plus tôt. Puis Dimanche matin le soleil était présent pour éclairer harmonieusement la plus belle ville du monde dans laquelle nous nous apprêtions à courir notre marathon. Tout en délicatesse, il a su tempérer ses ardeurs pour ne pas nous incommoder.  

J'avais du faire une fausse manipulation lors des inscriptions et je me suis retrouvée dans le SAS des coureurs ayant pour objectif de finir cette course en moins de 3 H ce qui était un peu ambitieux pour moi qui visais au minimum une heure de plus... Le départ fut donné depuis les champs Elysées dos à l’Arc de triomphe, à 8H45 pour les élites et privilégiés, et je partis à 8H47. Je me suis emballée du fait du rythme effrené des concurrents autour de moi. La première partie de marathon est plutôt descendante et très agréable: passage au rond-point Franklin Roosevelt où j’ai travaillé une quinzaine d'années. Puis la concorde et le jardin des tuileries se sont succédés.

 photo_generale_7885050photo_generale_7885048

Ensuite nous sommes passés devant l’hôtel de ville, la rue de Rivoli (5) jusqu’à la place de la bastille. Le début de la course était un réel plaisir.

Arriva alors le premier ravitaillement, je pris une bouteille d'eau, bus, visai la poubelle prévue pour une "course propre", et la ratai maladroitement...

04 - HOTEL DE VILLEphoto_generale_7885055

 

 Puis direction bois de Vincennes (10 à 19) j'ai sans doute courru un peu trop vite par rapport à ce que j'aurais du. Je me doutais que j'allais le payer, y'en a qui ont essayé avant moi et ils ont eu des problèmes... Second ravitaillement, je pris une  nouvelle bouteille d'eau, bus et visai une nouvelle poubelle, yes (1/2)... Troisième ravitaillement, je bus encore et ratai une seconde fois la poubelle (1/3).

 12 - CHATEAU DE VINCENNES10 - BOIS DE VINCENNES LAC DAUMESNIL

Puis la course a entamé un retour vers la seine via la rue Daumesnil où j’ai habité un an ce qui m'a à nouveau fait oublier le rythe à tenir.  Quatrième ravitaillement, la bouteille atteint son but (2/4).

8-FONTAINE AUX LIONS08 - DAUMESNIL2

C'est à partir du passage devant l’ile de la cité, notre dame (km 24) que j'ai bien  senti que j'allais avoir des problèmes.  Au cinquième ravitaillement ma bouteille atterit à côté de la poubelle (2/5) juste avant le passage sous le tunnel de Rivoli transformé en boite de nuit.

25 - 26 PASSERELLE DES ARTSphoto_generale_7885056

 Vers le musée d’Orsay (km 26), puis la tour Eiffel (km 29), mes jambes commencaient à durcir sérieusement. C'est alors que, précédant le ravitaillement du 30 è km, des sièges alignés indiquant "MASSAGE" sont apparus tels un mirage et au milieu une place vide !!! Mes jambes m'y ont menée sans me demander mon avis. Je pris tout mon temps pour boire et viser la poubelle au sixième ravitaillement, mon score remonta à 3/6.

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 Cette petite pause bien agréable m'a permis d'atteindre la rue de molitor où mon amie m'attendait et m'a accompagnée les 9 km suivants dans le bois de Boulogne. Cela m'a permi de terminer ma course sans me focaliser sur les diverses douleurs qui ne m'ont pas lachée jusqu'à l'arrivée rue de Foch et sans trop ruminer sur le fait que certains sont déjà arrivés en trains de se faire masser à l'arrivée alors que je rentre dans le dur de la course...

Je pris mon temps aux 2 derniers ravitaillements et remontais en conséquence à un score final tout à fait honorable de 5 bouteilles sur 8 dans les poubelles, Je réussis aussi à éviter toutes les peaux de bananes qui jonchaient le sol près de ravitaillement et finis  donc cette course plainement satisfaite.

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Non ce n'est pas moi, c'est juste pour donner une idée...

 Voici qu’arrive l’heure de la pause déjeuner, une nouvelle occasion de marcher. Je ressens des tiraillements exquis. Alors je valide qu'il se trouve quelque public attentif autour de moi. Puis, je me plains. Dois-je avouer que j’espère secrètement qu'arrivera jusqu'à mes oreilles le doux son de l’interrogation tant attendue : "Mais pourquoi donc as-tu mal ???". Et c'est avec une jouissance extrême que je vais faire subir à ma proie le récit de mon week-end. Le pauvre  malheureux, qui a posé cette question par pure courtoisie, se retrouve englué dans le monologue interminable de mes exploits marathonesques, telle la mouche tombée dans une toile tissée avec patience…

J’assume mon côté masochiste, j'ai des douleurs mais je les aime. Quand je pense que certains me conseillent de prendre des granules d’arnica pour les atténuer, ça ne va pas non, je n’ai quand même pas fait tout ça pour rien !?