Canalblog
Editer la page Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur les courses sans jamais oser le demander...

Sentier cathare étape 6 - Roquefeuil - Montségur

Sentier cathare étape 6 - Roquefeuil - Montségur

  • Trail 37 km 100 m de dénivelé

ET6


Je suis réveillée une fois de plus par le clocher de l’église, je compte machinalement 5 coups. Mais 5 coups, c’est mon heure ? Le réveil n’a pas sonné… L’église confirme, il est bien cinq heures. Petit déjeuner, préparation des sacs, je réitère mes activités matinales pour partir un peu avant six heures. Je rejoins le sentier cathare en evitant le détour par Espezel. En passant devant une propriété, je me fais vertement aboyer par un chien réveillé qui estime que je passe trop tôt sans doute... Il est bientôt relayé par son copain de la maison d’à côté. Peu rassurée, je passe de la course à la marche mais ils restent à distance.

20200729_071321

 Cunégonde, qui m'avait laissée seule avec le chien me rejoint et nous traversons à nouveau la vaste plaine de Sault puis le GR se dirige vers les forêts et les larges plateaux d’altitude. Je suis résolument loin des paysages des corbières, je ne vois que du vert, plus un caillou à l’horizon. Je croise des vaches et des moutons en grande quantité mais aucun humain. Je reste assez prudente surtout quand il y a des petits, je vois la tête des bovidés me suivre tout au long de mon passage d’un air suspicieux. Si je passe entre les vaches et les veaux, elles les appellent, je dois avoir un air patibulaire. Une haie de Hêtres immenses borde mon chemin puis je passe un dernier col avant de basculer sur l’autre versant de la montagne vers Comus.

20200729_08290320200729_08050520200729_073745

Je me retrouve sur une route en balcon au-dessus des gorges de Frau, je peux apercevoir Montségur au loin, ce sera mon point de chute de la soirée. Je trouve quelques fraises de bois en chemin et j’arrive au pas de l’ours qui surplombe de 600 m les gorges. La route continue au-dessus du Pla du boum pour atteindre le col du boum puis redescendre sur Comus. Là, je fais une agréable pause avec thé et café ! Il est 8H30, c’est le bon timing pour le petit déjeuner !

20200729_09003220200729_095217

Cunégonde choisit ce moment de calme pour continuer son histoire : « La protection des grandes familles devenait illusoire car elles étaient la première cible des délateurs. Nous sommes parties vivre dans les bois, on nous a bâti une cabane dans laquelle nous vivions la peur au ventre. On nous emmenait de quoi manger, on nous donnait des nouvelles de l’extérieur, on nous disait de conserver espoir. Il m’est arrivé de donner le consolament d’extrême onction à une dame dont la dernière heure était arrivée. Nous avons connu beaucoup de cachettes comme cette petite maison souterraine creusée dans le grès où l’on pouvait à peine se tenir debout. Nous avions toujours la hantise d’être dénoncées à l’inquisition, d’autant que les biens confisqués au dénoncés étaient offerts au délateur pour soulager sa conscience. Nous avons continué à suivre les préceptes de l’église et les trois carêmes annuels durant ces temps trouble où nous nous cachions de grange en cabanes. Avec le temps, les cabanes s’agrandirent et s’organisèrent en mini- villages. En 1241, ma sœur s’est fait prendre par les soldats de l’inquisition, j’ai eu beaucoup de chance, j’ai pu me cacher sous un arbuste et je n’ai pas été débusquée. Un chevalier Faydit m’a retrouvée et emmenée à Montségur pour me protéger. »

Je n’ose pas demander si elle a eu des nouvelles de sa sœur par la suite, il est temps de reprendre la route. A partir de Comus le sentier cathare rejoint le sentier des bonhommes, le chemin par lequel les cathares voyageaient pour prêcher. Nous trouvons rapidement un agréable sentier, longeant un petit ruisseau dont la fraicheur m’enveloppe avec douceur. De nombreuses fleurs agrémentent le parcours et leur parfum chatouille agréablement mes narines.  Les papillons de toutes sortes m’accompagnent de leur chorégraphie aérienne. Il y en a de toutes les sortes, des machaons blanc et noirs, des papillons oranges quelques-uns jaunes de grands noirs aux ailes découpées. Le chant des oiseaux vient accompagner le bruit de l’eau qui coule. Enfin les framboises viennent compléter l’expérience sensorielle en comblant mes papilles.

20200729_10343720200729_104504

Ce sentier paradisiaque s’enfonce de plus en plus dans les montagnes pour arriver dans les gorges de Frau. La route est plus encaissée, les couleurs se foncent, les falaises se dressent à pic au-dessus de moi, les arbres recouverts de mousse tapissent les bords du chemin qui sillonne entre les rochers. Je croise quelques randonneurs à pied et en cheval.

20200729_11052820200729_11104520200729_112436

A la sortie des gorges, se présente la montée finale. Elle suit un petit ruisseau et je m’arrête dès le premier replat susceptible de m’accueillir sur sa rive pour manger mon taboulé avec le pain fait maison au camping de Roquefeuil et une compote.

20200729_12104720200729_134925

Puis il est temps de continuer notre montée le long du ruisseau. Le chemin se cabre un peu par moment, rendant l’ascension plus difficile. Elle nous mène jusqu’à Montségur, village au pied du POG au sommet duquel est implanté le château.

20200729_140304

Je suis logée dans la maison sous le château, je bénéficie d’une très belle vue de ma chambre. En faisant un petit tour dans le village, je m’arrête chez une tisserande et son mari qui est très au fait de l’histoire cathare et m’en parle pendant deux bonnes heures d’autant que Trois personnes historiennes spécialistes en religion nous ont rejoint. Heureusement que Cunégonde n’était pas avec moi, elle n’aurait pas pu s’empêcher d’intervenir… Je finis ma soirée par un très bon repas en table d’hôte et une conversation agréable. Et je vais me coucher, mais ce soir Cunégonde a envie de parler, sans doute le fait de sentir la présence du château au-dessus de nous : « En arrivant sur la ville forte perchée en haut de son POG, j’ai trouvé une vie plus confortable, j’étais hébergée chez une bonne chrétienne chez laquelle je filais. Un jour soixante hommes sont partis du château, ils ont massacré onze inquisiteurs à Avignonet. Cela a sonné la fin de notre refuge dans ce nid d’aigle. En mai 1943, 6000 hommes sont venus assiéger la forteresse. Nous avons résisté jusqu’à Noël car le siège était un gruyère et nous permettait des entrées sorties. Nous avons réussi à faire sortir notre trésor durant cette période. Mais le jour de noël, les croisés se sont lancés dans l’escalade de la falaise 80 mètres de haut. A partir de ce moment-là, ils avancèrent régulièrement dans la ville faisant tomber les défenses les unes après les autres. Et le premier Mars, la réédition de la ville était signée. Les laïcs et ets cathares ayant renié leur foi seraient sauvés et les autres périraient par le bûcher. Nous avions 15 jours pour faire un choix.»

20200729_15321020200729_161913

 

Suite =>  Etape 7