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Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur les courses sans jamais oser le demander...

Marathon des lacs de Tournefeuille, Mars 2021

Le marathon des lacs

  • cap 42,2 km et des brouettes...

Durant cette période de COVID et de reports d'épreuves, la course virtuelle "Cap ou pas Cap" organisé pour Louisa nous a permis de se rebooster et de retrouver un enthousiasme qui avait tendance à s'émousser. Ce challenge proposant une ou plusieurs disciplines au choix a pour but de lui permettre de partager la passion de ses parents : la course à pieds. Louisa n'a pas la chance de pouvoir courir, aussi, en prenant une inscription et un dossard pour la course, chaque athlète participe à l'achat d'un fauteuil de course. Il est possible de s'inscrire à une ou plusieurs épreuves. Pour ma part j'ai commencé avec une randonnée de 5 puis de 10 km, puis un tour de vélo de 20 puis de 40 km, et 5 km suivis de 15 km de course à pieds et puis allez, il est tellement charmant son minois à Louisa, qu'on se laisse tenter sur le marathon.

Je dois dire que la première fois que Luc a émis cette idée, je l'ai immédiatement écartée pensant, à juste titre sans doute, qu'il était stupide de courir un marathon sur Tournefeuille sans préparation. Cela n'avait aucun intérêt : on connaissait le parcours, sans entraînement spécifique on ne pouvait pas espérer faire un bon temps et une telle distance avait toutes les chances de nous fatiguer pour rien. Et puis j'avais déjà réalisé 6 des 8 épreuves, j'étais de ce fait super finisher pas besoin d'aller chercher plus loin. Pourtant, je ne comprends toujours pas par quel mécanisme tous ces arguments pertinents se sont lâchement couchés face à une sorte de pulsion anarchique plus forte que la raison. Un besoin irrépressible et compulsif de réaliser un exploit saugrenu avait une fois de plus emprise sur moi. Voilà pourquoi, après avoir dit avec force et conviction, démonstration à l'appui, que ça ne m'intéressait pas, j'ai proposé de courir un marathon le samedi suivant. De manière objective je sais que cela n'a aucun sens, mais faut-il vraiment chercher un sens à tous nos faits et gestes ?

Pendant les 15 jours qui suivent ma décision, je me fais grandir cet objectif dans ma tête et ça me fait un bien fou. Je le matérialise, je le visualise, je le projette dans mes jambes lors de chaque footing, de chaque entrainement. Et voilà qui donne du sens à toutes ces séances ! Alors pour le construire un peu mieux nous avons fixé un objectif de temps réaliste mais un peu ambitieux pour la motivation : 4H30 ça parait jouable. Ensuite il a fallu choisir le parcours, que privilégier ? Luc voudrait une belle trace sur Strava qui ne passe pas 2 fois au même endroit. De mon côté j'aurais aimé un point de ravitaillement auquel on passerait plusieurs fois pour y trouver des bananes et de l'eau. Finalement on choisit en fonction de la possibilité de trouver des copains, on passera prendre Sylvie au Lac de plaisance à 9H, on sera à la ramée à 10H si des fois il y a du monde et on pense retrouver Virginie à 11H au Lac de l'Oustalet, on n'a ni une belle trace ni un point de passage fixe. Le parcours créé en fonction de ces points de rencontre et des heures planifiées sera nommé : "Le marathon des lacs". Ca fait rêver non ?

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Puis, le protocole se met en route : l'avant veille pas de course, la veille 40 min avec 5 accélérations souples. Il est préconisé de démarrer le protocole 8 ou 12 semaines avant la course et pas à la journée de repos qui précède, mais bon on fait avec ce qu'on a ! Puis c'est le moment du traditionnel coup d'œil à la météo, utile pour choisir la tenue. Selon le rituel, je me poserai la question jusqu'à la dernière minute et finir par faire fatalement le mauvais choix...  Mais quel plaisir de se préoccuper de ces formalités, prévoir l'hydratation et la nourriture nécessaire pour la course penser aux vêtement et poches permettant de les transporter. Faute d'organisation officielle, nous devons gérer la logistique, repérer les points d'eau, se planquer un sac de ravitaillement au 30è km avec bananes et eau et demander à Christophe de faire bénévole pour le dernier ravitaillement au 38 ème km.  

Quelques jours avant la course, j'imprime mon dossard, une triste pratique qui remplace bien désavantageusement l'ancestrale coutume du retrait de dossard. Ce pèlerinage en magasin de running ou sur le lieu de la course en quête du précieux sésame nous permettait de rencontrer les saints bénévoles dévoués à la cause de la course à pieds. Nous pouvions aussi réaliser des offrandes dans ces temples de la mode sportive en achetant les barres de céréales qui seraient brûlées sur l'autel de la course. Oubliant ce temps heureux, je me livre au rituel de l'épinglage du dossard Je jubile au moment où l'épingle transperce le papier, puis le tissu du maillot et suis en extase en la refermant. Ainsi, durant les quelques temps qui me séparent de la course, je pourrai me recueillir devant ce graal. Dans ma salle de bain je trouve une relique : un tube de NOK dont je m'enduis religieusement les pieds. Je répèterai cette routine matin et soir deux jours durant.

Les dernières mises au point sont réglées, nous repérons les points d'eau sur le parcours et fixons les règles ultimes. Le divin chono ne s'arrêtera jamais, les pauses ravitaillement impacteront donc notre temps. On se donne un temps pour s'échauffer puis on essaie de courir un peu plus vite que 10 km/h pour rattrapper les premiers km et se ravitailler.

Vendredi soir, je me livre avec ferveur au cérémonial du plat de pâtes. Je les ai choisies fraîches, des raviolis confectionnés localement à Tournefeuille, j'y ajoute des tomates, de la coppa et du parmesan, une feuille de salade pour faire beau et le tour est joué.

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Samedi matin, un gâteau sport m'attend une heure avant le départ qui sera célébré à 8h tapantes depuis la maison.

Nous faisons monter la pression : faute de concurrent nous sommes donnés pour favori, chacun dans sa catégorie. Luc chez les "Grands malades proposent un marathon qui n'a pas de sens à Tournefeuille" et Caro pour les "Supers débiles qui se laissent entrainer dans cette course".

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Nous partons, au gong de Garmin, messager divin qui nous servira de guide tout au long de ce pèlerinage. Il a enregistré le parcours et l'allure souhaitée. Nous rencontrons un premier compagnon de route vers le 4ème kilomètre, Michel qui nous accompagnera durant quelques kilomètres. Il sera témoin de notre sortie de route lorsque nous nous éloignons malencontreusement de la voie divine et prenons 400 m de retard sur notre parcours. Malgré cet écart fortuit, nous arrivons à neuf heures comme planifié initialement sur le sublime, l'inoubliable Lac François de Soula. Nous y retrouvons Sainte Sylvie, ponctuelle, qui se joint à notre notre quête (de quoi, on ne sait toujours pas) durant une vingtaine de kilomètres.

lac plaisanceimage

Nous suivrons alors le parcours vert du touch longeant successivement le grandiose Lac des pêcheurs, puis le magnifique le lac du vieux pigeonnier.

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Après cela, sur les conseils de Luc nous ferons un petit détour par la divine rocade arc en ciel (dont le nom rapelle celui des truites présentes dans le lac suivant).

rocade arc en ciel

Puis nous  retrouvons le Lac de la Ramée, mecque de la course à pieds pour les Toulousains. Nous tenons un bon rythme tout en fortifiant notre âme grâce à des échanges spirituels forts sur nos expériences sportives.

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Mais la main de dieu me met à l'épreuve en tirant discrètement sur mon lacet. Je dois m'arrêter, me baisser douloureusement pour atteindre ma chaussure. Je m'apperçois alors que mes ischios sont bien raides. Je me relève par un miracle tel qu'on n'en voit qu'à Lourdes et repars grâce à ma foie en la course. Je passe avec succès cette mise à l'épreuve et rattrappe mes compagnons. Sylvie nous quittera à la sortie de la Ramée. Nous continuons notre voyage en direction du superbe lac de Quéfêts et trouvons simultanément Christophe et le ravitaillement du 30ème km avec abondance de bananes et d'eau. Sous le contrôle de garmin qui ne s'arrête pas, nous perdons de précieuses secondes à nous goinfrer. Puis nous arrivons au lac de l'Oustalet dont le spectacle nous laisse sans voix. Nous y retrouvons Virginie qui se joint à nous.

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Christophe nous quitte et nous retrouvons le Touch que nous suivons jusqu'au Lac de Plaisance dont on ne se lasse pas. Nous y retrouvons Ludo à qui Virginie laisse sa place et quittons le ruisseau pour l'interminable route du Marquisat. A partir du 35ème km commence notre chemin de croix, une ligne droite sans fin déroule sous nos jambes très raides. Heureusement, la foule en délire formée de Christophe et de mon fils nous acclame au 38è km où nous trouvons la chair et le corps de la course à pieds sous la forme de banane et d'eau. Les muscles durcissent et sans la conversation de Ludo nous aurions eu des difficultés à conserver la foie sur cette portion compliquée.   

Nous achevons notre marathon lorsque nous avons atteint 42,2 km sur les 2 montres soit vers le Collège Labitrie, au terme de 4H10 de course. L'objectif est pleinement rempli. Nous rentrons en boitillant boire la bière de la victoire qui remplace avantageusement une coupe pleine du sang du christ.

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