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Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur les courses sans jamais oser le demander...

Altriman - EP1 Pourquoi ?

"Aujourd'hui la plupart des gens se consument dans je ne sais quelle sagesse terre à terre et découvrent, quand il n'en est plus temps, que les folies sont les seules choses qu'on ne regrette jamais."

Oscar Wilde (1854-1900).

l’Altriman c'est l'enchainement de 3,8 km de natation, 200 km de vélo avec 5 000 m de dénivelé et un marathon présentant 1000 m de dénivelé. Maintenant que je me suis inscrite, il est temps de me demander pourquoi je me suis embarquée dans ce chantier. Ca m'aidera à me motiver pour la préparation difficile et exigeante. Et je sais déjà que, n'étant pas particulièrement rapide, la course durera longtemps, très longtemps, et que je traverserai inévitablement des moments difficiles. Et surtout le passage de la ligne d’arrivée est loin d’être garanti, le taux d'abandon sur l'épreuve étant en général asses élevé. Je dois comprendre quelle force obscure m’attire vers ce type d’épreuve.

Tout d'abord, aussi contradictoire que cela puisse paraître, plus je me dis qu'une épreuve n'est pas pour moi et que je ne peux pas la réaliser, plus j'ai envie de me prouver le contraire.  Ensuite, la norme sociale et la sagesse qui voudraient que je ne cherche pas à dépasser le cadre et me refuseraient de prendre des risques me poussent à aller m'aventurer où on ne m'attend pas. Enfin, je commence à être accro à ces objectifs déraisonnables, qui me portent au-delà de mes préoccupations quotidiennes. Ils m'ont permis d'apprendre à réserver mon énergie pour accomplir ce qui me fait vraiment vibrer. J'ai même écrit ma « liste des choses que j’ai vraiment envie de faire » afin de m'assurere de les privilégier aux tâches insipides qui ne me laisseront aucun souvenir. Et dans cette liste, figure en bonne position, l'Altriman.

“La sagesse c’est d’avoir des rêves suffisamment grands pour ne pas les perdre de vue lorsqu’on les poursuit. »

Oscar Wilde aussi

Ma première rencontre avec ce triathlon fut orageuse.  C’était en 2013, ma participation sur le format half en préparation de l'Embrunman s’était soldée par un abandon. Terrorisée et transie, j’avais rendu les armes après avoir posé le vélo sous une pluie battante accompagnée d'éclairs déchirant un ciel sombre. L'orage avait eu raison de mon courage et de ma volonté.

J'y étais revenue quelques années plus tard, toujours sur le demi-format pour en venir à bout. J’avais réalisé à quel point la course était exigeante et développé une grande admiration pour les concurrents du full que nous croisions. Très peu de femmes (2 en 2013 et 4 en 2017) étaient présentes sur ce format et leur courage m’émerveillait. Je tentais de m’imaginer sur le full. Je mesurais alors que cette course était plus difficile que ce que l'Embrunman que j'avais terminé en 16 heures. Cela m'a paru bien trop exigeant pour moi. Mais voilà, je m’étais projetée dans la situation et ça avait planté dans un coin de mon cerveau une petite graine. Elle s’est discrètement enfouie sous un tas d’autres pensées. Et patiemment, des années durant, elle a attendu son heure en silence.

C’est une aponévrosite plantaire qui allait lui fournir, six années plus tard le terreau fertile pour pousser. Forcée de diminuer mes entrainements en course à pied, j’ai eu l’occasion de faire plus de vélo et de réaliser deux de mes envies :

     Tout d’abord les trois Ventoux, un défi qui consiste à monter le grand chauve par ses trois faces. Lorsque j'ai terminé la dernière ascension, la petite graine a immédiatement planté ses racines : « - Tu vois 4300 m de dénivelé, c’est passé, il n’en manque pas tant que ça par rapport au parcours vélo de l’Altriman finalement ! ».

ventoux graine

     Puis j’ai parcouru la route des grandes Alpes de Thonon à Nices durant laquelle les condition favorables à la germination ont permis le développement d'une belle plante. La tige a grandi dans le col de la colombière : « - Tu as l’entrainement idéal maintenant, tu n’auras sans doute pas de meilleure occasion de te lancer». Une première  feuille est sortie dans le Cormet de Roselend : « - Cet endroit est magnifique, c'est ça que tu aimes non ? Si tu t’inscris, tu feras de belles sorties montagne ". Elle a été suivie par d'autres dans l'Iseran : "- Tu sais bien que sans objectif, tu ne te donnera pas tant d'occasions de faire de belles sorties, tu resteras à tourner dans le Gers sans motivation, sans but.», dans le Galibier « - Et puis c’est le seul triathlon XL qui te donne vraiment envie après Embrun. ». Elle a continué à pousser dans l'Isoar :  « - Ce triathlon est authentique, c’est ça qui te plait on ne te braillera pas dessus « you are an iron man » à l’arrivée ", dans le col de la Cayolle  :" - Peu importe s'il y a peu de monde pour t'encourager, tu le fais juste pour toiet enfin elle a fleuri dans le Turini  : « - Tu ne vas tout de même pas rester sur l’idée que cette cours est trop impressionnante et que tu ne peux pas la faire ! » . Elle a profité du trajet retour pour insister lourdement :  "- Tu n’as rien à perdre de toute façon, autant essayer". Puis durant l’été, elle a pris beaucoup d’assurance : "- Tes enfants sont grands maintenant, tu ne leur sers plus à rien,ça te laissera du temps", jusqu'à devenir franchement désagréable : "- Et n'oublie pas, dans un an c’est la cinquantaine, ta forme ne va pas aller en s’arrangean., C’est maintenant ou jamais ! ». Quand elle s'est rendue compte qu'elle était allée un peu trop loin, elle a tenté de me remonter le moral : « - Oui c’est certain, la marche est haute, mais tu vas trouver la motivation, tu sauras mettre les éléments en place pour te doner toutes les chances !». Elle devait bien me connaitre car elle a ajouté : « -En plus tu as un bon groupe de sparing partenaires pour t’aider dans les entrainements et te tirer un peu, ça te fera du bien !»

Jusqu’à ce matin de Septembre où elle m’a dit :

« -Les inscriptions ont ouvert ce matin, tu étais la première inscrite, non, non, ne me remercie pas !»